Shota : 7 year’s old :Je me trouve encore dans ce même endroit …
Les murs sont blancs. Mon siège est blanc. Le bureau est blanc. Tout est blanc …
L’homme me regarde de son fauteuil haute-gamme. Les cheveux blancs. Il me sourit, comme d’habitude. Ma mère me regarde angoissée. Elle a peur, évidemment. D’un simple signe de tête, le vieux l’invite à sortir. Je ne lui jette pas un coup d’œil. L’homme tourne son stylo quatre couleurs de sa main droite d’une manière très appliquée en m’observant. Je ne bouge pas.
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Sho, sais-tu qui je suis ?J’aime cette manière détournée qu’on les adultes de commencer une conversation. Dès qu’on pose une question, nous le savons parfaitement, nous, enfant, qu’ils n’attendent pas de réponses.
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Je suis un psychologue.Je voudrais lui dire que sa, il me l’a déjà dit la dernière fois, mais je ne peux pas. Pourquoi ? Je ne sais pas, tout simplement. Maman me persuade chaque matin que je suis un enfant très intelligent et qu’il ne faut pas que je le montre aux autres si je veux être préservé du monde extérieur. Préservé de quoi ? Une nouvelle fois, je ne sais pas. Donc, je ne parle pas. Enfin, presque …
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Nous nous sommes déjà rencontrés tu sais ? j’ai joué avec toi ! Je me concentre sur le stylo quatre couleurs. Il ne tombe jamais, je trouve sa plutôt impressionnant. Je crois que j’adorerais en avoir un pareil. C’est qu’un stylo, c’est vraiment compliqué à utiliser. Maman me dit que ceux qui savent les manier sont des magiciens. Moi, je n’y crois pas. Le vieux le peu, lui, en voilà la preuve même …
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Reila m’a apprit que tu ne vas toujours pas à l’école.Je plonge mon regard dans celui de l’homme. Il vient de toucher un point sensible chez moi. Seulement d’un côté, il n’a pas tort. J’ai maintenant sept ans. D’une part c’est pas beaucoup, de l’autre c’est considérable. Normalement, je devrais déjà être à l’école primaire. Reila, ma mère, pleure souvent à cause de sa. Elle pense que c’est de sa faute si je ne sais ni lire, ni écrire. Je dois souvent la consoler. Et je déteste sa …
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Tu sais que ta scolarité est prise en charge par l’état ?Le monsieur d’avant qui remplaçait le vieux me l’avait également rappelé. J’ai l’impression que tous les adultes se ressemblent. Leurs opinions ne divergent que très rarement. C’est donc simple, je ne veux pas grandir, jamais. J’acquiesce silencieusement en hochant légèrement la tête puis retourne dans mon semi-mutisme. Je hais que l’on me fasse la morale. Je laisse promener mon regard vers le bureau blanc. On y trouve un portable, que je présume à la mode. Sur l’écran d’accueil s’affiche un appel manqué d’une dénommée Mikki. Le vieux porte une alliance à un des doigts de sa main tenant le stylo. J’observe finalement une photo sur le meuble carré. Je souris.
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C’est votre femme sur la photo ?Il paraît surpris, mais satisfait. Oui, selon lui, il aura réussi à me faire sortir de ma soit disant dépression en seulement deux séances. Je préférais lorsqu’il semblait mécontent, je me plaindrais à maman de m’avoir laissé seul avec un vieux au dentier bizarre.
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En effet, tu es perspicace. Ici en bas, c’est ma fille Satchiko. Et là, c’est bien ma femme, Kokoro.Je souris de plus belle. Je dégage ma longue mèche couvrant la presque intégralité de mon visage derrière mon oreille. Je me lève et me dirige vers la sortie de la salle. Ah, tiens, la porte n’est pas blanche …
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Et, elles sont au courant, pour Mikki ?Etre un enfant ou comment déconcerté un adulte en deux temps trois mouvements. Il est surprit, le vieux. Et il stresse aussi, il a peur. Le stylo est finalement tombé sans bruit sur la moquette grise, bien.
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Comment es-tu … ? Comment as-tu … ? Sept ans !L’argument choque, sept ans. Selon moi, la mentalité d’une personne est définie par son état d’esprit et son éducation, et non pas par son physique ou son âge. J’en suis la preuve vivante. Je ne suis jamais allé à l’école, en effet. Je suis analphabète, aussi. Quoi que je ne sais pas réellement si un gamin de sept ans peut être considéré comme tel, fin bon. Je pousse la porte en bois. Ma mère m’attend de l’autre côté, un vilain rictus aux lèvres. C’est cette expression qui néanmoins lui va le mieux. Je crois que le vieux n’essaiera pas de me rattraper. Je sors de son champ de vision avant de prononcer.
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Alors, qui joue avec qui maintenant ?
"Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit."
[Mark Twain]
Shota : 14 year’s old :Ma vie doit être relativement compliquée par rapport à celles des autres. Je crois. Aujourd’hui, ma mère travaille. En fait, elle travaille tous les jours, plus précisément le soir. Je l’aide beaucoup. Par exemple, chaque fois avant de partir au boulot, il faut que je lui choisisse ses habits. On dirait pas comme sa, mais c’est hyper important pour elle. Je lui conseille une robe très courte, moulante, noire à paillette, un maquillage rouge et des talons vernis. Non, elle ne fait pas le métier que tout le monde pense qu’elle fait mais qu’en fait elle ne fait pas. Ou ne fait plus, c’est différent.
J’entends le bruit de ces chaussures dans le hall d’entrée, puis plus rien, la voilà partit. Et moi, je suis seul, comme d’hab’ quoi. J’habite avec ma mère dans un petit appartement de quatre pièces. Une salle à manger cuisine, une salle de bain toilette et deux chambres. Maman trouve cela bien, l’intimité. Moi, je déteste sa. Je déteste la savoir en compagnie d’hommes que je ne connais pas, je déteste lorsqu’elle se trouve loin de moi, je déteste quand elle me laisse seul comme sa. Et j’y peux rien, je suis jaloux de nature. Hérité du côté paternel me dit souvent Reila.
Reila, c’est maman. Elle n’aime pas que je l’appelle par son prénom, mais moi, je l’adore. Bon, sinon, selon elle, je fais un « mother complexe ». D’un côté, c’est pas faux. Avant, ma mère était prostituée. Je suis peut être vraiment trop franc, mais cela ne me dérange pas de l’affirmer ainsi. Si elle ne l’avait pas été, je ne serais pas né. Reila, elle a 31 ans maintenant. En gros, elle m’a eu à dix-sept ans exactement. Je ne sais pas compter aussi, sa, on me l’a dit. À cause de moi, ses parents l’on renié. Je sais pas pourquoi, elle m’en a jamais vraiment parlé. Mon père, du coup, bin s’est compliqué. C’était un bon habitué du site internet ou était inscrit ma mère, alors elle l’a contacté. Mais il lui a jamais répondu. J’ai appris par la suite qu’il était mort vers mes douze ans dans un accident de voiture impliquant un pauvre motard qui avait rien à voir là dedans. Ma mère est allé par la suite me montrer comment se griller une clope incognito sur la tombe du mec le plus immonde de la terre. Ah, oui, je fume au fait. Et c’est pas un pote (nan j’ai pas d’amis, et j’ai pas tenté les curly, fin pas encore…) qui m’a poussé à me droguer et tout hein, c’est encore Reila !
Je ne suis jamais allé à l’école, et je n’en vois strictement pas l’utilité. Qu’on me traite de simple d’esprit ou bien d’arriéré, je suis au moins cent fois plus intelligent que la plupart des êtres vivants, non vivants ou autre de cette planète d’imbéciles. Et ce n’est pas faute de modestie !
Les seules créatures que je respecte, ce sont les femmes. Elles sont calculatrices, joueuses, élégantes, raffinées et intelligente. Les hommes sont idiots, laids pour la plupart, remplis d’arrières pensées et lâches. Pour info, je ne me considère pas comme membre à part entière de leurs « tribu ». Ni dans celle des femmes, évidemment. Non, moi, je suis le juste milieu. Celui dont tout le monde se préoccupe, et de l’autre s’en moque complètement. Je suis tout et parfois rien. Moi-même, je ne peux me cerner. En somme, je suis absolument insociable.
Depuis tout petit, je ne vis que par et pour maman. Je peux être l’adolescent le plus égoïste de tout les temps en étant celui le plus attaché à sa mère de la Terre. Reila a changé de métier pour moi. Elle est arnaqueuse professionnelle maintenant. Je lui ai inventé cette profession à proprement parler. En gros, elle va chez les gens, leurs proposent un nouveau produit, leurs piquent leur argent puis s’en va en courant. Elle ne s’est encore jamais faite attrapée. Par contre, elle doit aller chez le coiffeur toutes les semaines, obligée. En ce moment, elle est blonde platine. Malgré ces yeux bridés, je trouve que cela lui va bien.
D’habitude, elle ne travaille pas toute la soirée le week-end. Mais voilà, mon gros problème, c’est que je suis myope. Je ne vois pas de loin, rien du tout, nada. Alors pour me payer mes lunettes, elle doit bosser encore plus dur. Galère. C’est pas qu’on est dans le besoin, mais Reila ne sait tellement pas gérer son argent qu’on vit dans la misère la plupart de l’année. Par exemple, elle s’achète bricoles en tous genres, animaux et autres qu’on ne peut même pas garder. Fin bon, c’est ma mère quoi !
Mon objectif, avoir seize ans.
Lorsque je serais en âge de travailler, je ferais tout pour rendre Reila heureuse.
Et quel qu’en soit les conséquences …
"La différence entre l'intelligence et l'éducation : l'intelligence fait vivre mieux."
[Charles F. Kettering]
Shota : 16 year’s old :Je crois que, toute ma vie, j’ai un peu trop idéalisé mes seize ans. Beaucoup trop même.
Je ne travaille pas. Fallait que je m’en doute d’un côté. Aucun stage en entreprise à mon actif, aucune formation, jamais allé à l’école. En somme, je suis recalé de partout. L’état ne me reconnait pas. Ma mère n’a jamais pris le soin de déclarer mon identité. En bref, c’est un peu comme si je n’existais pas. Mon rêve d’enfant aurait été de créer le château « playmobile » le plus classe et gigantesque de la terre. Mon rêve d’adolescent de simplement rendre Reila heureuse. Sauf que c’est pas possible, et faut que je m’y fasse. Parce que maman, maintenant, elle ne sourit plus. Cela va faire un an je pense. Depuis qu’elle est avec ce « Sasuke ».
Reila croule sous les problèmes en ce moment. Nous avons déménagés vers le centre-ville de Tokyo il y a peu. Car : Nouveau copain égal nouvelle maison. Ce gars est le gars le plus insipide de tout les gars que je connaisse. Oui, mon langage est très développé d’une certaine manière. Sasuke, fallait le faire, c’est le dealer, celui qui donnait gratuitement la drogue à ma mère. Ils se sont mis ensemble, et elle est devenue son larbin de services. Je ne peux d’ailleurs rien faire pour l’aider, car sinon, on y passe. Et cela me crible de douleurs, comme jamais avant …
Mais le pire, je ne crois pas que ce soit cela.
Avant, je voyais des psys qui me conseillaient sur mon avenir. Des hommes incompétents, même face à un enfant ! Maintenant, c’est plus grave. Je vois un médecin quasiment toutes les semaines. Et cela désespère encore plus Reila à mon grand regret. Le problème, c’est que je suis mal. Bon, je suis toujours mal, mais pas comme sa. J’ai l’impression d’être shooté aux médocs la plupart du temps alors que je déteste sa (quel goût horrible….) ! J’ai la tête qui tourne et des nausées à n’en plus finir. Et le médecin, la seule chose qu’il arrive à me trouver c’est : « dit-moi, tu ne serais pas enceinte par hasard ? ». Je me maquille souvent, certes. J’ai les cheveux mi-longs, certes. Ma voix porte souvent dans les aigues, certes. Mes habits sont étranges, certes. Mais de la à penser que je suis une fille, y a quand même des limites !
Quoi que, je préfère ne pas y faire attention. C’est Sasuke qui paye, donc je m’en moque. Car même s’il est exécrable, qu’il sent le saumon périmé et que sa maison est la plus petite, sale et horrible que je n’ai jamais vu, il a de l’argent. Et moi, j’aime l’argent. Mais lui, qu’il m’adore ou pas, je le déteste. La seule personne pour qui j’éprouve une once de respect et que je peux clairement dire que j’apprécie, c’est Reila. C’est tout.
En vérité, plus je vieillis, plus je me ferme intérieurement. Je parais pourtant ouvert d’esprit à l’extérieur, peut être même sympathique. Les gens m’aiment. C’est surement moi qui suis étrange. Je voudrais que ma mère prononce un divorce. Car oui, elle a bel et bien été forcée à se marier entre temps. Seulement pour le moment, c’est trop dangereux. Je compte me mettre le beau-père dans la poche pour ensuite m’en débarrasser discrètement. Reila, à cause de lui, elle ne ressemble plus à rien. Elle ne va plus chez le coiffeur toutes les semaines, on dirait presque qu’elle est chauve. Ses yeux noisette ont perdus de leur éclat. Elle est, sans mentir, maigre comme un clou. Et elle n’a plus aucune conversation.
Reila d’habitude, est connue comme une jeune femme batailleuse, joyeuse, joueuse, insolente et au fort caractère. Son teint pâle, terne et ses cernes bleuâtres ne lui ressemblent pas. J’ai promis, je veux qu’elle soit heureuse. Et le meilleur moyen, c’est de la sortir de là. La drogue, c’est pas fait pour elle, décidément.
J’ai fait un truc débile l’autre soir.
Je me suis brûlé le poignet avec une de mes cigarettes, « pink elephant » couleur rose. Cela ne m’a rien fait. Ce qui m’a d’ailleurs prouvé mon extrême insensibilité. J’ai du rester à contempler ce que j’avais fait pendant plusieurs heures. Puis, j’ai crié. Longtemps, très longtemps après, mais j’ai crié. Pas pleuré par contre, jamais je ne verse ne serait-ce qu’une seule larme.
Le jour ou mon visage ruissellera d’une multitude de gouttelettes ne risque néanmoins pas d’arriver avant un certain temps …
"L'espace d'une vie est le même, qu'on le passe en chantant ou en pleurant."
[Proverbe japonais]
Shota : 18 year’s old :Je déteste le mot anniversaire. Il me porte la poisse, vraiment. Lors de mes un an, je suis né, c’est pas déjà horrible sa ? Ensuite depuis que je suis ridiculement minuscule, il ne m’arrive que des malheurs. Il suffit de me voir, je pense que l’on peut facilement affirmer que je possède une tête à faire peur.
Et pas pour je ne sais quelle raison, pour c.e.t.t.e raison.
Depuis que ma mère est mariée, mon souhait le plus cher est de la faire divorcer. Elle ne tenait même plus sur ses jambes ses quatre derniers jours. Désespéré, j’ai bien tenté de l’envoyer de force à l’hôpital. Mais évidemment, elle a refusé, soit disant pour que l’on ne découvre pas qu’elle consomme de la drogue. Je l’ai écouté, ne pouvant lui refuser quoi que ce soit.
Quand j’y repense, j’aurais pas du.
Reila est décédée très tôt dans la matinée de cette journée d’hiver. L’autopsie révélait des traces de coups un peu partout sur son corps. Chose dont je me doutais fortement. Sasuke, on ne sait pas ou il est. Et pourtant, il souhaitait réellement m’adopter. Non, je n’ai pas pleuré. Pas une seule larme, rien. Tout simplement car je m’y attendais. Je ne suis même pas allé à l’enterrement. Pour moi, une tombe, c’est une tombe, rien de plus ni de moins. Sa me gave rapidement de parler ou de sangloter devant une pierre.
Je crois que malgré tout, maintenant qu’elle ne se trouve plus là, à mes côtés, tout a changé pour moi. Je me suis pris un appartement avec l’argent (et un beau paquet) dont j’ai hérité. J’ai vécu dans le remord pendant bien longtemps, n’ayant pas tenu ma promesse. Et c’est pour cela que j’ai décidé de vivre ma vie à fond, d’en profiter pour elle, et non pas pour moi. Faire ce qu’elle aurait aimé. Il ne faut pas croire, je ne suis pas un sentimental. Je suis toujours le gars insipide qu’il ne vaut pas mieux fréquenté, mais lorsque je pense à Reila, je m’emporte. Ma mère n’était pas fréquentable aussi. Une vraie peste, je l’affirme. Si seulement tout le monde était comme elle, je serais néanmoins heureux.
Peut être …
Récemment, je me suis découvert une profession, et une passion va s’en dire.
En fait, je suis accro aux filles. C’est peut être étrange de dire cela comme sa, mais c’est vrai. Je les enchaine de jours en jours. Hier, c’était Mitsuki. Aujourd’hui, je rendrais visite à Haruna. Elles me payent toujours, et je suis nourri logé. Je mène la belle vie quoi.
Par contre, je m’ennuie ferme. J’aime ce qui me fait rire, provoquer un divorce comme celui de mon ancien psy, sa, c’était amusant ! Je suis plus précisément un joueur. En tout les cas, je me qualifierais comme tel. Je me délecte de la souffrance des autres, étrange non ?
Lorsque je sors avec une fille, c’est que je l’aime réellement. La plupart du temps, nous restons une semaine ensemble réellement, puis après, c’est terminé. Lorsqu’elle m’avoue qu’elle m’aime vraiment, là, je les laisse tomber. Je n’y peux rien, cela me répugne. Je ne veux pas rester avec quelqu’un qui me dévoile ces sentiments, je ne peux pas. Et oui, je pense que mon « mother complexe » me suivra jusqu’à la fin de mes jours !
Mes nausées me prennent de plus en plus souvent. Une fois, j’ai cru que quelqu’un me tailladait le bras ou je ne sais trop quoi. Mon médecin ne répond guère à mes questions. Il me dit que ce n’est pas un cas rare et qu’il ne faut pas que je m’inquiète. Sauf que : Il dit cela en tripotant un stylo, en détournant son regard et en tapant du pied. Parfois, je me demande si je ne suis pas fou. Je lui ai demandé pourtant, l’autre fois :
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J’ai l’impression de ressentir les souffrances d’un autre moi, peut être de celui que j’étais dans le passé …Oui, je crois dur comme fer à la réincarnation.
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Vous êtes perspicace, Monsieur Nakajima. Peut être même un peu trop …Et c’est sur ces mots qu’il m’a abandonné. Je me fais surement des idées, mais j’en ai assez. Parfois, je me demande s’il ne serait pas plus simple de me libérer de tout sa.
En gros, de mourir.
Enfin, j’en viendrais à cette solution le jour ou j’arrêterais d’être un lâche.
En somme, y en a pour longtemps, très longtemps …
"Si jeune que l'on soit, le jour où l'on perd sa mère, on devient vieux tout à coup."
[Alexandre Dumas]
Shota: 26 year's old:Le bateau tangue violemment de droite à gauche.
Et pourtant je le savais, je l'avais deviné. Je n'ai jamais aimé les médecins.Tous sournois, y a rien à en tirer.
Et pourtant, je me suis laissé avoir ...
Depuis ma majorité, mes nausées sont violentes, et pire, répétitives. Je ne les supportaient plus. Avec la mort de ma mère sur le cœur, j'ai continué à arnaquer les femmes. Encore, toujours. Sa, je l'avoue, c'est mon truc. Mais ses nausées...
Franchement, j'ai pété un câble comme qui dirais.
J'ai du me boire au moins une bonne douzaine de bouteilles de rhums (en plusieurs jours, faut pas exagérer non plus !) avant de me ruer vers le psy. Qu'y a été plus qu'étonné de me revoir comme qui dirais. Bin pas moi, j'en avais juste marre, assez, bref, y a aucun mot pour décrire ce que je ressentais. Les nausées, les nausées, les nausées, il n'y avait que sa qui me venait à l'esprit. Cette désagréable impression d'avaler des boîtes de médicaments jours pour jours, heures par heures commençait sérieusement à me chauffer sur les nerfs. Et qu'est-ce qu'il me dit le psy ?
-
Mais pourquoi ne pas me consulter un médecin ?J'ai du claquer la porte comme un forcené avant de partir en l'insultant. C'est vraiment soulant, mais sérieusement, il a totalement et entièrement raison. Mais voilà, mon médecin, il est trop bizarre. Bizarre au sens péjoratif du terme. Lorsque je lui dis que je ressens des émotions de mon moi du passé, bin étonnement, on dirait qu'il me croit.
N'empêche que j'aurais du me méfier. Les hommes sont tous pareils de toute manière, et sa, sa change pas. Mon médecin m'a simplement regardé lorsque je suis entré comme un dingue dans son cabinet et m'a tendit une enveloppe. A croire qu'il s'y attendait, tient !
J'ai rien dis, pas un mot, je suis partis. Désormais, ma résidence, c'est partout. Enfin, chez toutes les femmes chez qui je dors chaque soirs. Du coup, je suis allé chez Kokoro-chan. Et là, j'ai ouvert l'enveloppe. Il y avait un billet pour le prochain départ d'un bateau de je ne sais trop quoi vers l'île de je ne sais trop ou.
Je ne me suis pas méfié, et maintenant, je m'en mords les doigts.
J'ai toujours des nausées, doublé par le fait que je suis sur un bateau et que cela me donne envie de vomir.
Mais le pire, je crois que c'est sa:
Ou est-ce que je vais ?
"Il faut perdre son âme. Mais comment ?"
[Robert Charbonneau]