Caractère : Shigeki est tout en nuance. D'un côté, il n'aime pas vivre au contact des autres, préférant sa solitude. De l'autre, il a besoin des autres pour se sentir exister. Besoin de charmer tout et n'importe qui, de manipuler ceux qu'il considère comme ses jouets, quitte à finir par les casser. Et gare à qui viendra s'en mêler. Car dans "ses jouets", il y a le mot "ses". En un mot? Possesif.
Il arrive aussi à la Dame d'exploser en privé, laissant apparaître au grand jour son caractère colérique lorsqu'on le contrarie. Cependant, Shikegi sait très exactement où se situe les limites à ne pas franchir. Et s'il lui arrive parfois de poser un pied dessus pour voir ce que ça donne, il ne s'aventurera jamais à la franchir. Intelligent, malin, il est conscient de ce qui l'entoure. Et lorsque l'ennemi est trop puissant, qu'à cela ne tienne. Patient, il est capable d'attendre longtemps tout en continuant à tourner autour dans l'espoir de découvrir une faille pour s'y glisser ensuite.
Inébranlable, il sait rester déterminé et impassible, quitte à paraître buté de temps en temps. Et lorsqu'il a décidé quelque chose, il est très difficile de le faire revenir sur son avis...

Aime : Akito, les boules anti-stress, jouer avec les autres, les coussins moelleux, faire s'écrouler les certitudes de quelqu'un en jouant avec les mots, le pudding, les mythes et les légendes en règle générale, la ponctualité quand il s'agit des autres, les romans policiers, le piano même si ne sait pas en jouer, l'odeur de la terre humide, les silences pesants, ...

Déteste : Akito, les pommes de terre, le roi, les secrets et qu'on lui cache des choses, le bruit de l'aspirateur, le vent mêlé à de la pluie, être malade, les fils barbelés, voyager, les endroits clos, qu'on se moque de lui, les pulls qui grattent, ceux qui semblent parfaits, ...

Style vestimentaire : Ce qu'il aime dans ses vêtements, c'est leur côté confortable. S'il est tout seul, il enfilera sûrement des choses informes en coton. Mais il sait aussi qu'en public, ce genre de vêtements n'a pas un grand impact. Alors il se force, et s'est constitué un tas d'habits pour ces occasions; Malheureusement pour lui, c'est ce tas là qu'il met le plus souvent. Mais bon, ça lui permet de "jouer" alors ça lui convient. Aucune couleur dans ce tas. Juste des dégradés de gris, du noir et du blanc. Et avec le temps, ces teintes ont fini par contaminer l'autres tas, si bien qu'il ne se sent plus vraiment à l'aise lorsqu'il porte une autre couleur. Quelques colliers et bracelets viennent compléter son attirail.

Casier judiciaire : Arrêté une fois pour détention de stupéfiants. Classé sans suite à cause d'un défaut de procédure.

Il fait jour, à présent. Quelques rayons de soleil filtrent par la fenêtre. Repoussant les couvertures, il déplie des jambes longues et finement musclées. Quelques tâches de rousseurs s'égrènent sur sa peau hâlée, imperfections passagères. Ses genoux osseux s'actionnent finalement, lui permettant de se mettre debout sur ses pieds nus. Sa cheville droite craque un coup au premier pas avant de laisser le silence revenir dans la pièce. Une démarche un peu paresseuse l'amène dans un coin de la pièce alors que la plante de ses pieds, épaisse, se moque de l'absence de protection.

Le bout de ses doigts glisse lentement sur le dessus du meuble, avant de s'arrêter et de tapoter légèrement de ses ongles courts alors que la silhouette se baisse pour ouvrir l'un des tiroirs de l'autre main. Se saisissant d'un T-shirt, il se redresse finalement révélant à nouveau la cambrure de son dos et la colonne vertébrale que l'on devine par endroit sous la peau. En quelques gestes rapides, il enfile le vêtement. Une fois la tâche terminée, il lève enfin le regard vers le miroir en face de lui, observant l'image qu'il lui renvoie. Des épaules osseuses, un cou nerveux et peut être un peu trop long. Un menton volontaire et qui finit en pointe.

Levant sa main, il passe le bout de son doigt sur sa joue et descend lentement avant de refermer le poing, faisant jouer les nerfs sous sa peau. Son regard franc se pose sur une poussière posé sur la glace avant de s'en désintéresser rapidement. Ses lèvres pâles et fines se tordent en une grimace alors qu'il jette un coup d'œil à ses cheveux. Ils toucheront bientôt la base de son cou...Trop longs. Il faut les recouper. Il s'empare des ciseaux posés sur le meuble et actionne les lames. La crinière raccourci au fur et à mesure que des mèches foncées tombent par terre. Raides, coupés à la va-vite de manière pas toujours égale, ses cheveux sont enfin semblables à ce que les autres voient de lui en général. Il secoue rapidement la tête de gauche à droite, faisant tomber les restes de son massacre capillaire. Ses mèches retombent naturellement, encadrant son visage de chaque côté de sa mâchoire. Son regard ébène apprécie un instant le résultat avant de s'en détourner commençant l'espèce de rituel matinal qui règle sa vie.


Aller jusqu'à la cuisine. Prendre le petit déjeuner. Amener ses bols jusqu'à l'évier. Remettre ses cheveux en place. Passer aux toilettes. Se laver les mains. Se brosser les dents. Une routine bien huilée, qu'il tient de ses parents.

Et s'il a déjà essayé de s'en détourné, il n'a jamais vraiment réussit. Car le matin, encore à moitié endormi, ce sont des gestes répétitifs et habituels qu'il accomplit sans vraiment y penser. Ce n'est que quand il émerge enfin vraiment qu'il se renfrogne en y pensant. Même aussi loin de lui, ils continuent à lui pourrir la vie. Et alors, invariablement, il repense à son enfance, même s'il ne l'avouerait jamais à personne. A ses journées toutes tracées, de l'horaire de bus à prendre à la monnaie pour le repas du midi, calculée au yen près. De ses activités sportives au métier qu'il exercera plus tard en passant par le choix de ses établissements scolaires. Tout planifié à l'avance. Tout décidé depuis le début. Un joli petit moule bien parfait dans lequel on le forçait à rentrer.

Tu seras intelligent Shigeki. Oui Maman. Tu seras avocat plus tard mon fils. Oui Papa. C'était ce qu'ils voulaient entendre. Alors c'était ce qu'il leur répondait. Aucune surprise. A croire que même l'heure de sa mort était déjà fixée. Par moment, il se demandait ce qu'il se passerait si un événement improbable venait bousiller complètement les plans de ses géniteurs. Un bus qui le percutait et réduisant ses fonctions cérébrales à néant... Des notes insuffisantes qui le feraient échouer à l'examen de rentrée... Et durant ses moments, un petit sourire venait étirer le coin de ses lèvres d'ordinaire complètement impassible.


Sans y réfléchir plus que ça, il se lève et porte son bol vide jusqu'à l'évier. Il le pose dans un bruit mat, alors que ses pensées le dirigent vers le Valet. Au fond, il n'a pas vraiment à faire tout ça. Akito est là pour ça après tout. Mais quand une habitude est installée, c'est dur de la faire partir. Sur la table, il restera toujours la bouilloire, des tâches à faire partir d'un coup d'éponge ou des aliments. Mais jamais de bol, qui restera posé au bord de l'évier.


Une vie bien ennuyeuse, où il déprimait petit à petit. Et puis, autre chose que son imagination malsaine est venue perturber son quotidien réglé à la minute près. Une fille. Pas trop laide, pas trop bête. Une confession, des sentiments. Et là dessus, un Shigeki qui l'envoie sur les roses. Et une nouvelle sensation qui se répand dans ses veines. Un sentiment de supériorité. De contrôler, pour une fois, quelque chose. D'avoir une emprise quelconque sur quelqu'un d'autre. Et il aime ça. Ce petit frisson qui parcourt son corps endormi par une vie sans intérêt y trouve soudain un petit quelque chose de plus. Un regain d'intérêt. Dès lors, il cherchera à retrouver cette sensation. Et armé de mensonges en tout genre, il part en chasse. Des mensonges pour ses parents. Des mensonges pour ses proies. Il en a à revendre, et une imagination débordante pour les trouver, associée à une logique imparable pour les faire correspondre l'un à l'autre. Et oui Maman, tu l'as voulu intelligent ton fils.

Flatter sans y accorder le moindre crédit. Sourire sans y croire. Séduire et charmer juste pour le résultat. Et gagner. C'est un jeu pour lui. Des buts à atteindre, des objectifs à remplir. De quoi amener un peu d'excitation dans cette vie si morne et triste. Si bien réglée, si prévisible qu'on pourrait en pleurer de désespoir. Et plus il excelle à son jeu, plus ses cibles deviennent difficiles à atteindre. Et puis, il s'est rendu compte qu'il lui manquait quelque chose. Le risque. Cette façon de faire monter l'adrénaline si vite que sa respiration s'affole. Alors il s'est mis à refourguer de la drogue. Fuir la justice et les forces de l'ordre d'un côté. Ressentir une supériorité certaine face à ces être en manque, dépendant de lui à un point qu'il n'avait jusqu'alors jamais atteint. Jouer avec eux. Voir jusqu'où ils peuvent aller avant de craquer définitivement.


Un nouveau sourire étire ses lèvres alors qu'il repense à tout ça. Il jette un regard blasé au bol qui trôné sur le meuble avant de se détourner et de rejoindre la fenêtre. Tournant la poignée, il tire le battant, laissant entrer l'air frais de ce matin. Son regard se porte sur les rues où quelques badauds se promènent déjà. L'île du Joker.


Il s'est retrouvé embarqué dans cette histoire. Sans le vouloir, mais sans avoir freiné des quatre fers non plus. Il venait d'obtenir son diplôme d'avocat lorsque les premiers symptômes se sont manifestés. Et ça l'a grandement perturbé. Ressentir des émotions variées et plus ou moins intenses alors qu'il s'ennuyait à mourir. Et parfois une tristesse sans borne quand il s'adonnait à sa dose d'excitation du soir. Ca l'a surprit. Puis intrigué. Et au final carrément énervé. Il n'avait pas de réponse à s'offrir. Pas de comment, seulement des pourquois. Alors il a finit par aller consulté un médecin. Et s'est retrouvé sur ce bateau. Avec pour seule aide les explications d'un capitaine mal à l'aise.

Il avait écouté le début, puis était monté sur le pont réfléchir à tout ça. L'avait accepté facilement. Sa vie serait peut être plus intéressante maintenant. Peut être. Mais dans tous les cas, la mention du Joker l'avait intrigué. Fasciné, il s'était plongé aisément dans ce nouveau jeu. S'était imergé dedans, complètement. Avait été nommé Dame de Coeur. Avait ressentit une déception. Pourquoi n'était-il pas Roi? Une déception passagère. Dame, c'était déjà bien supérieur à la majorité de la populace locale. Et puis... Rien ne lui interdisait de prendre la place royale un jour ou l'autre... N'est-ce pas?

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