Caractère :

L’homme est mauvais. L’homme est cruel. L’homme est violent. Ageha ne voulait pas le savoir et pourtant elle le sait. Normalement un homme ne frappe pas une femme. Normalement un homme ne frappe pas la femme qu’il aime. Normalement un mari ne frappe pas sa femme. Mais pourtant son père l’a fait. Si un père et un mari peut le faire, alors pourquoi pas les autres. Ceux qu’elle ne connait pas, ceux qu’elle croise dans la rue, ceux qu’elle voit. Tout le monde est mauvais, cruel et violent. Tous les hommes. Alors il faut s’en méfier, ne jamais leur faire confiance. La méfiance est le meilleur bouclier possible. La demoiselle se protège, s’efface, espère devenir invisible. Qu’est-ce qu’elle aimerait qu’on l’oublie quelque fois. Dès qu’Ageha croise un homme, elle s’attend à souffrir, elle sait qu’il lui fera mal de n’importe quelle manière. Oh, il se peut qu’il ne le fasse pas tout de suite, mais il le fera. C’est dans sa nature. Donnez-lui la main et il vous prendra le bras. Donnez-lui du pouvoir et il en profitera comme personne. Il rendra le monde peureux et soumis. Alors lorsque son Roi l’accapare encore et encore, elle baisse les yeux et agit à ses dires. Elle retient tout au fond d’elle ce qu’elle veut lui dire. Elle retient ses paroles acides et sincères. Elle se laisse faire. Elle se laisse diriger. Et elle souffre.

Alors, elle cherche à s’éloigner de tout ça. Elle préfère lever la tête vers le ciel et rêver. Elle rêve de pouvoir voler, elle rêve de liberté, envie les papillons et les oiseaux de pouvoir voler vers la liberté. Comme elle ne peut pas voler, elle flâne le long des rues, le regard vague, sans aucune destination précise ; de toute façon, il n’y aucun endroit pour se réfugier sur cette maudite île, hormis l’esprit et l’imagination. Alors Ageha ferme les yeux et rêve. Elle sait qu’elle n’est pas très réactive, elle peut paraître indifférente d’une situation, dans son travail de valet, ses gestes sont presque mécaniques. Elle n’y pense même plus, n’y réfléchit plus et agit. Elle met de la distance entre ce qu’elle doit faire et elle-même. Cela ne lui plait pas plus que ça de devoir être au courant de tout ce qui se trame, de savoir qui va souffrir ou non. Elle aimerait ne rien savoir, n’être qu’une personne dans le tas. Elle aurait préféré ne pas intégrer les figures, mais elle ne peut plus faire demi-tour et refuser aurait été suicidaire. Pourquoi ne la laisse-t-on pas en paix ? Elle préférait presque ne plus prendre ses médicaments et s’envoler tel un papillon. Un papillon blanc, léger, libre.

Et « Fragile ». C’est sans doute le mot qui revient le plus sur les lèvres des personnes qui la croisent pour la première fois. Ageha n’a même pas besoin d’ouvrir la bouche et de parler, il suffit de la voir. Son attitude, sa gestuelle, tout indique une cruelle fragilité. Oh, elle aimerait bien ne plus montrer cette fragilité, mais sa nature est sans doute d’être faible. Sa santé ne lui permet pas non plus de faire ce qu’elle veut. Elle voudrait sans doute pouvoir élever la voix de temps à autre, mais elle ne le fera pas. Sa démarche ne serait que ridicule. Qui croyez-vous impressionnez avec votre petite voix fluette et faible ? Personne. Alors, elle se cache et elle se tait. Elle préfère éviter les problèmes vu son état de santé. Malgré tout ce qu’elle a pu voir et vivre, elle n’en reste pas moins sensible, bien qu’elle devrait justement être le contraire avec son statut de valet. La violence la rend très mal à l’aise, elle déteste ça, mais elle sait que l’homme ne peut pas vivre sans.

De temps à autre, elle se demande si son Sôseiji ressent toute sa tristesse, à moins que cela ne soit aussi la sienne ? Est-il aussi fragile ? Est-il aussi soumis ? Elle n’espère pas. Tout au fond d’elle, elle sait que penser à mourir est égoïste de sa part, mais de toute façon, elle sera surement trop faible pour réussir à entreprendre cet acte. Y penser ne fera que la torturer encore plus.

Aime : Rêver – les papillons – manger des cookies et de la glace – marcher –
Déteste : La violence. Douce et amère ironie de l’envoyer sur une île qui règle ses comptes dans le sang – Les armes – son Roi –
Style vestimentaire : Le noir. Voilà une couleur qu’elle porte très souvent. Que cela soit pantalon, jupe et de rare fois, robe, le noir est la couleur dominante. Elle se cache le plus souvent dans ses vêtements, portant des vestes bien trop grandes pour elle, mais qu’elle estime très confortable et assez chaude, la jeune femme ayant souvent froid. Elle parait encore plus petite et plus fragile qu’elle ne l’est déjà dans ses vêtements. De temps à autre, une ou deux touches de « couleurs », mais rien de trop voyant : du gris, du bleu marine, du bordeaux et du blanc cassé. Et c’est tout. Elle porte le plus souvent des tennis et des ballerines comme chaussures, laissant les talons pour son job de serveuse. Il en va de même pour le maquillage, bien qu’il reste très léger. La demoiselle n’a pas de préférences côté vêtements, elle met ce qui lui tombe sous la main le matin, heureusement pour elle, ce qu’elle choisit s’allie plutôt bien entre eux. Son style reste tout de même basique.
Casier judiciaire : Vide.

L’ENFANCE et L’ADOLESCENCE

Elle en sait trop. Elle en a vu trop. Elle en sait trop. Elle en sait beaucoup trop. Quelques phrases si souvent entendues lors de son enfance. Ageha ne se souvient pas exactement de son enfance. Quelques brides ici et là. Quelques flashs, quelques souvenirs qui remontent, toujours au mauvais moment. Et plus le temps passe, plus les souvenirs sont noirs et distincts.


Ageha aurait du se douter que sa vie n’allait pas être aussi heureuse qu’elle l’aurait voulu. Dès sa naissance, une mauvaise nouvelle tomba. Malade. La petite était malade. Une maladie dont on ne connaissait pas grand-chose et qui incombe à une grande prise de médicaments, et ce, durant toute sa vie. Ce fut un choc pour les parents. Sakura Masshiro tenta de surmonter cette nouvelle, pour sa fille, elle voulait être là pour elle, elle voulait que sa fille se sente soutenue par sa mère. Son père, lui, n’a pas digéré la nouvelle. D’un naturel impulsif et avec un passé assez violent, il retrouva vite ses anciennes manies. C’est-à-dire l’alcool. Et qui dit alcool, dit pulsions violentes.

La petite a toujours été protégée par sa mère lorsque son père buvait énormément. Elle avait aussi appris à reconnaître ces moments où il ne fallait pas « déranger papa et maman », où il fallait qu’elle se cache dans sa chambre, qu’elle ne pleure pas, qu’elle ne fasse pas de bruit. Alors, elle montait sur son lit, fermait les yeux et mettait ses mains sur ses oreilles. Elle ne voulait plus entendre son père crier, elle ne voulait plus attendre les supplications de sa mère de faire moins de bruit, elle ne voulait pas entendre les coups. Elle fermait les yeux et elle respirait doucement. Et bizarrement, elle se sentait mieux, comme si quelqu’un lui murmurait que tout irait pour le mieux, bientôt. Une douce sensation de bien-être qui lui fit oublier ce qui se passait derrière le mur de sa chambre.

Elle aimait beaucoup sa mère, mais jamais elle n’avait parlé de ses drôles de sensations qui arrivaient de plus en plus souvent, au fur et à mesure où elle grandissait. Elle n’en savait pas l’origine et n’avait jamais cherché à comprendre. Elle avait déjà assez de soucis avec sa maladie. Cette maladie qu’elle subit de jours en jours, l’obligeant à prendre ses médicaments et à limiter les efforts physiques. À chaque fois qu’une de ses pilules glissaient dans sa gorge, son moral en prenait un sacré coup. La vie était injuste, cruelle et sadique. Cette maladie, son père alcoolique et violent, sa mère, soumise, mais avec un courage qui surprenait Ageha. Elle se demandait pourquoi sa mère ne partait pas, l’emmenant avec elle. Elle savait bien qu’un jour, cela allait mal finir.

Sa mère était morte. Battue. Son père était en prison. Ivre. Et elle était seule. Malade. On l’envoya vite à l’orphelinat. Personne ne voulait d’une petite malade dans les pattes. À l’orphelinat, elle tentait toujours de s’éloigner des garçons, elle en avait un peu peur, elle avait bien vu qu’ils étaient plus forts que les filles et qu’ils pouvaient devenir très violents. Alors, elle restait assez souvent toute seule, à regarder le ciel. Elle aimerait bien pouvoir voler, retrouver sa mère, se libérer de cette maladie qui lui pourrissait tout simplement la vie. Mais même avec à peine 13 ans, elle avait bien conscience de sa situation.

5 ans passèrent. Toutes les journées ont été les mêmes : prise de ses médicaments, cours, prises de ses médicaments, cours,… Et de plus en plus souvent, ces drôles de sensations, de pulsions qui la prenaient de cours. Elle avait l’impression d’être quelqu’un d’autre à ces moments-là. Elle commençait à se demander ce qui n’allait pas, une nouvelle fois, chez elle. Encore quelque chose qui la différenciait des autres. Elle n’en avait parlé à personne, mais elle avait besoin d’être rassuré, d’être réconforté et d’être considéré comme une personne normale, pas malade, ni… bizarre. Encore une fois, elle n’avait pas vu le coup venir. Elle aurait du se tenir informé à propos de cette soi-disant « malédiction ». Trop tard. Elle avait parlé et elle avait été vite emmenée loin de l’orphelinat. Littéralement forcé à monter dans un bateau ayant pour destination « l’île du Joker », elle dut se réfugier sur sa réserve de médicament en tentant de comprendre ce qui se passait. Une seule question persistait : comment allait-elle survivre là-bas ?

L’ILE

Elle n’aurait jamais du lui faire confiance. Elle n’aurait jamais du croire en lui. Elle le savait pourtant. Les hommes sont tous mauvais, cruels, perfides et joueurs. Elle pensait qu’il était différent. Il lui a prouvé le contraire. Pourtant, pendant quelques temps, il avait été quelqu’un d’autre. La personne qui l’avait aidé. Aujourd’hui, il n’est plus que celui qu’elle déteste.


Cette île. Pouvant être semblable à n’importe quelle autre île, sauf que celle-ci était régit par des lois pour le moins, étranges. Et surtout cruelles. Il ne fallait surtout pas contredire les Figures et surtout, il ne fallait jamais défier le Joker. Ageha ne l’apprécie pas et pourtant, il est celui qui tient sa vie entre ses mains, encore plus que son jumeau. Il est celui qui lui fournit ses médicaments. Chaque jour, il lui donne ce qu’il faut et le jour suivant, elle revient. Malgré cette « prise en charge médicale », il fallait qu’elle apprenne à vivre par ses propres moyens. Il fallait qu’elle trouve un travail, un logement. Mais aller trouver un job en donnant une contrainte à son employeur, sa maladie lui gâchait la vie jusqu’ici. Pourtant, quelqu’un lui avait tendu la main. Enfin quelqu’un qui ne la considérait pas comme un poids.

Tout de même, si elle avait su qu’un jour, elle travaillerait dans un endroit où elle servirait de l’alcool, chose qu’elle déteste le plus au monde, chose qui fait ressortir le plus mauvais côté des hommes, le pire. Et pourtant, le gérant du bar où elle travaille désormais, est tout sauf mauvais. Enfin, elle sait que tous les hommes sont mauvais et qu’il le sera surement, mais la première impression qu’elle eut de Tatsurô Yamada fut positive. Il était gentil avec elle, pas de violence, ni même d’insultes. Etrange. Il avait été très compréhensif avec sa maladie et le fait qu’elle ne pouvait pas travailler beaucoup d’heures d’affilées. Dans son attitude, elle avait vu un tout petit espoir. L’espoir que tous les hommes ne soient pas des salauds finis.

Sa vie sur l’île n’était pas aussi difficile que celle qu’elle avait avant. Pour le moment, et à part sa prise de ses médicaments, on la laissait tranquille. Elle entendait de loin ce que l’on disait sur les Figures et préférait passer son temps entre son appartement et son boulot au bar de Tatsurô. Elle appréciait de plus en plus ce dernier, chose rare, très rare. D’habitude, les hommes lui font peur. D’habitude. Malgré quelques fatigues, qui restent passagères, elle est contente de travailler pour lui. Toujours gentil et serviable avec elle, elle a l’impression de découvrir le bon côté de l’homme, a contrario de quelques alcoolos qu’elle voit passer dans le bar. Grâce à ça, elle supportait un peu mieux sa maladie, elle tentait de voir les choses du bon côté, chose qu’elle ne faisait pratiquement jamais. Cet homme changeait ses habitudes et sa façon de penser.

Depuis un certain temps, elle commençait même à ressentir quelque chose de plus fort pour lui, des sentiments qu’elle n’avait jamais ressentis auparavant. Oh, si elle avait su, elle ne lui aurait jamais autant fais confiance. Quand on lui a annoncé qu’elle était désormais Valet des Trèfles, elle dut s’appuyer contre une table tellement la nouvelle l’avait choquée. Pourquoi ? À cet instant, on venait de l’enchaîner. Elle avait eu vent des actions et de l’activité des Valets. Pauvres petites choses qui devaient obéir à leurs Rois aveuglement, qui devait être au courant de tout ce qui se trame dans les coulisses d’île du Joker. Depuis, elle haïssait Tatsurô. Pourquoi ? Il était devenu Roi. Roi des Trèfles. En gros, son supérieur hiérarchique. Et maintenant, ses désirs sont des ordres. Cela n’aurait pas été si gênant, sauf qu’elle a remarqué un changement radical de comportement chez lui. Finalement, il était comme tous les autres. Un salaud. Il l’avait trahi. Pour elle, cela sonnait comme une amère réalité. Les hommes sont tous des salauds et Tatsurô en est le Roi.

JACK’S CLUBS

Le monde des Figures. Une cage noire. Plus aucun moyen de s’échapper. Plus aucun retour en arrière. Il n’y a plus rien à faire que de subir. Subir et obéir, se plier à des jeux stupides, se plier à des exigences sans fins. Baisser la tête et acquiescer. Se taire et regarder sans émettre le moindre jugement. Connaître tout ce qui se trame. Voilà ce que c’est qu’être un Valet.


Depuis qu’elle est devenue Valet, Ageha souffre bien plus qu’avant. Elle déteste être une Figure. Elle déteste connaître tout ce qui se passe, qui va mourir, qui va souffrir. Elle a même l’impression que sa maladie s’est aggravée, à moins que cela soit dû à son attitude et à sa façon de vivre. Elle est redevenue méfiante et pessimiste. Le plus dur, c’est qu’elle doit se taire. Elle n’a le droit de ne rien dire, elle n’a pas le droit de donner son opinion. Elle écoute, elle acquiesce et elle obéit. Elle s’occupe de tout ce qui est administratif et en plus de ça, elle doit s’occuper de lui. Son Roi. Chaque jour, elle découvre de nouvelles facettes et chaque jour, elle déteste chacune de ces nouvelles facettes.

Mais elle ne doit pas le montrer. Elle cache tout ce qu’elle pense au fond d’elle et reste impassible, soumise et muette devant les exigences multiples et continues de son Roi. De toute façon, qu’est-ce qu’elle peut bien faire contre lui ? Et même que peut-elle faire contre les lois ridicules de cette île. À cause de Tatsurô, elle est bloquée, enchaînée. Elle est même sur qu’il est pour quelque chose à propos de sa place parmi les Figures, et précisément à cette place-là. Précisément inférieur à lui. Maintenant tout le bien qu’il a pu faire et effacer et remplacer par l’égoïsme et la méchanceté dont il fait preuve actuellement.

Ageha déteste tout ça. Elle voudrait tellement pouvoir partir. Elle n’a pratiquement jamais vu sa Dame, dû à l’accaparation permanente de sa propre personne par son Roi. Elle sait juste d’elle qu’elle a un talent incroyable pour le violon et qu’elle est bien plus douce que Tatsurô. Elle aimerait tellement avoir plus souvent affaire à sa Dame qu’à son Roi et patron qui plus est, puisqu’elle travaille toujours dans son bar. La belle affaire. Alors, elle aime marcher, longer les rues, les ruelles, elle se fiche de ce qui pourrait lui arriver, rien ne peut-être pire qu’en ce moment même. Elle marche et elle imagine, elle rêve. Voilà bien une chose qu’elle peut encore contrôler, qu’elle peut encore avoir à elle, rien que pour elle, qu’on ne lui enlèvera pas.

Elle rêve de pouvoir voler, voler loin de cette île, de ces lois, de ces Figures et de lui. Mais elle peut toujours le rêver, cela n’arrivera jamais. De plus, de nouvelles Figures ont été nommé récemment. Les As. Ils ont tous changé. Une jeune fille nommé Akeko est devenue As de Trèfle. Ageha ne sait pas trop quoi penser d’elle, c’est la personne avec qui elle aura le plus de contact, c’est même la demoiselle qui a annoncé à Akeko son nouveau rôle d’As. C’est vrai que pour obéir la jeune femme sait faire. Elle préfère obéir plutôt que d’avoir encore plus d’ennui que lui apporte déjà son titre de Valet. Car pour elle, ce n’est qu’une nouvelle contrainte. Ce n’est qu’une nouvelle manière de lui montrer que la vie se fout bien d’elle.

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